Interventions de David Navarro au conseil municipal du 24 novembre 2025

Interventions de David Navarro au conseil municipal du 24 novembre 2025 1

Point 18 Débat d’orientations budgétaires de la ville de Châteauroux pour 2026

Monsieur le Maire,

Comme vous l’avez déclaré avec une certaine emphase à la NR [22/11] le projet de budget de l’État « comporte des mesures dramatiques » pour

les collectivités locales.

Et d’après l’Association des Maires de France c’est au total 7,6 milliards d’euros de coupes qui ont été prévues pour les collectivités territoriales dans le projet de budget Lecornu.

Pour expliquer ce racket de l’État contre les collectivités vous prétendez que « ce budget a manifestement été fait par des gens qui n’ont aucune connaissance des collectivités ». C’est faux : la majorité des membres du gouvernement qui a fait ce budget ont eu, ou ont encore, des responsabilités locales : pour ne prendre que les plus connus c’est par exemple le cas de MM Lecornu et Darmanin ou encore de Mme Dati, sans oublier évidemment M Forissier…

Si donc beaucoup de ces ministres connaissent bien les collectivités locales, on peut noter, tout aussi factuellement, que beaucoup viennent au départ du même parti que vous :…. LR.

De notre point de vue, l’origine de ce budget « dramatique » est claire : il est le produit de l’idéologie libérale que partagent les gouvernements successifs du « bloc central », qu’il s’agisse de la majorité macroniste ou de nombreux responsables LR. Ce sont ces choix — baisse de la fiscalité pour les plus riches, multiplication des cadeaux aux très grandes entreprises — qui ont creusé un déficit public abyssal.

Et Aujourd’hui ces mêmes forces politiques du prétendu « bloc central » prétendent combler cette insuffisance de recettes en faisant payer la note aux classes populaires et moyennes tout en accélérant le sabotage des services publics, y compris les services gérés par les collectivités locales.

M. Avérous, vous ne pouvez donc pas vous dédouaner de votre co-responsabilité dans ce budget et dans ces politiques nationales « dramatiques » !

C’est votre camp politique qui mène cette politique désastreuse à laquelle vous avez directement été associé vous-même en tant que ministre.

La démagogie qui consiste à critiquer dans les territoires ce que l’on a soutenu dans les ministères ou au parlement est insupportable. Comme est d’ailleurs tout aussi insupportable, la démagogie populiste du RN qui se proclame défenseur des travailleurs et qui en fait refuse à l’Assemblée Nationale de rétablir un tant soit peu de justice fiscale, refuse de demander aux ultra-riches et aux grandes entreprises de contribuer à la République au moins autant que les autres catégories sociales1.

Face à ces mesures budgétaires dramatiques de votre gouvernement vous êtes contraint de présenter un budget municipal en régression, prévoyant ainsi une diminution de vos engagements en faveur de nos concitoyens. Or même en réduisant la voilure, « à force de nous augmenter nos recettes de fonctionnement et de nous baisser nos dépenses » comme vous dites, la capacité d’autofinancement va être sérieusement amputée, l’emprunt va exploser et avec lui la capacité de désendettement de la ville : alors que nous avions un ratio de désendettement compris entre 2,5 ans et 3 ans entre 2018 et 2023, il est passé à près de 4 en 2024 du fait des investissements de prestige des JO , pour atteindre 8 ans en 2025 et pour 2026 le rapport présente une perspective de 12 années ! Est-il nécessaire de rappeler que la situation d’une collectivité est inquiétante lorsque le nombre d’années pour rembourser la dette avec son épargne brute est supérieur à 12 ?

Dans ce contexte, des choix doivent être faits.
Et c’est précisément pour proposer d’autres choix que Charline Laurent prendra la parole après moi

Débattre des orientations budgétaires c’est indiquer quels sont les choix que nous souhaitons faire pour notre ville. Nous souhaitons mettre en avant un axe majeur : : investir davantage et plus vite pour l’avenir, nos enfants et le climat.
Ces choix auraient dû être engagés depuis au moins 2020 ; ils deviennent aujourd’hui absolument nécessaires.

Voici nos priorités pour le budget 2026 et les suivants :

> Pour préserver la qualité du service public nous demandons la préservation de tous les postes d’agents municipaux, malgré les pressions financières annoncées de l’État.

Les agents ne doivent pas être vus comme une « charge », mais comme une ressource dont il faut prendre soin afin de satisfaire les besoins de nos concitoyens.

> Pour préserver les associations, Nous demandons une augmentation des subventions associatives au minimum à hauteur de l’inflation, et plus de transparence dans l’attribution des aides, avec un meilleur équilibre entre grandes structures et associations modestes.

> Nous voulons privilégier le “Soin” plutôt que le spectaculaire :

Les investissements doivent répondre aux besoins sociaux essentiels, non à la logique du prestige ou du spectaculaire.

Pour illustrer ce dernier point revenons un instant sur la situation très pénible qu’ont connu nos écoles lors de la canicule de juin dernier.

Dans de nombreuses salles de classe, les températures ont alors largement dépassé les 30 °C, avec des pics au-delà de 36 °C. Il est inconcevable pour des enfants de travailler dans de telles conditions. Distribuer des bouteilles d’eau ne peut en aucun cas constituer une solution et vous avez-vous même fini par conseiller aux parents qui le pouvaient de ne pas envoyer leurs enfants en classe. Même certains établissements récemment rénovés se sont révélés incapables de maintenir des conditions acceptables, montrant l’insuffisance des travaux réalisés.

Alors que la fréquence et l’intensité des canicules vont manifestement s’accentuer dans les années à venir, il devient vital de mieux protéger les écoles. Or, dans votre Plan pluriannuel d’investissement (2026–2029), seulement 1M€ par an est consacré à la mise en conformité avec le décret tertiaire. Cela apparaît tout à fait insuffisant pour à la fois atteindre les objectifs de réduction des consommations d’énergie dans toutes les écoles et pour garantir en même temps une isolation adéquate contre les canicules.

 

Point 32 Fourniture de denrées alimentaires et boissons pour la Ville de Châteauroux et la Communauté d'agglomération Châteauroux Métropole

Ce dossier est important parce qu’il détermine en partie la qualité de ce qui sera servi aux enfants de la ville dans les restaurants scolaires.

Disons-le tout de suite nous reconnaissons volontiers que les choses ont progressé ces trois dernières années dans ce domaine et nous ne pouvons que nous en réjouir.

Vous déclarez en effet aujourd’hui avoir dépassé les obligations découlant de la loi Egalim d’octobre 2018 aussi bien concernant les 20% minimum de produits bio que pour les 50% au total de produits dits « de qualité et durables » qui sont exigés par la loi dans la restauration collective.

Sans vouloir amoindrir vos propres mérites dans ce progrès nous pensons également y avoir une part de responsabilité, au moins en tant qu’« aiguillon », puisque nous avions axé une bonne partie de notre campagne de 2020 sur la dénonciation de l’état lamentable dans lequel était alors la restauration scolaire et que nous avions proposé en particulier l’objectif du « 100% bio local ».

Vous n’aviez pas manqué à l’époque d’ironiser sur le côté « irréaliste » de notre proposition. Or en septembre dernier, lors d’une table ronde organisée par la Confédération Paysanne de l’Indre, des représentants du Conseil Départemental de la Dordogne sont venus expliquer comment ils avaient fait passer une bonne partie de la restauration scolaire de leur département justement au « 100% bio local », démontrant donc bien clairement que cet objectif n’avait rien d’irréaliste.

Donc aujourd’hui à Châteauroux des premiers pas ont été réalisés et nous vous en donnons acte. Mais on voit qu’on est cependant encore loin de servir aux enfants de la ville une nourriture débarrassée des pesticides de synthèse abondamment utilisés dans l’agriculture dite « conventionnelle ».

Il faut rappeler ici que seuls les produits labellisés bio offrent une garantie sanitaire de ce point de vue. Comme il était justement dit dans la plaquette sur la restauration scolaire que vous avez publiée en 20241, il a été démontré que « les produits bio préservent une meilleure santé pour ceux qui les consomment ». On ne voit pas comment on pourrait justifier de ne pas chercher à servir aux enfants au maximum possible, des produits qui « préservent une meilleure santé » !

Nous, nous voudrions pour demain des menus scolaires où ne seraient plus mentionnés les produits « bio » comme des exceptions mais où ce seraient les produits de l’agriculture chimique qui devraient être signalés comme des exceptions.

Concernant plus spécifiquement le rapport qui nous est soumis, nous nous interrogeons :

En effet on n’y trouve que 3 lots sur 16 dans lesquels la mention « Bio » figure, ces 3 lots ne représentant au total moins de 10% des marchés (moins de 200 000 € pour un total maximum d’un peu plus de 2M€ de commandes).

Les services nous ont aimablement fait savoir que dans les autres lots, comme la volaille par exemple, il est en fait aussi « demandé des références en bio », même si cela ne figure pas explicitement dans l’énoncé du lot…

Mais en fait, même parmi les 3 seuls lots, où il est question de produits bio, la confusion est à chaque fois entretenue avec d’autres labels. Prenons l’exemple du lot 12 : il ne prévoit que 15 000€ pour des « légumes et fruits frais de saison HVE ou bio ». Non seulement la bio semble ainsi confinée à moins de 10 % des marchés de fruits et légumes frais, mais en plus l’agriculture biologique y est confondue avec la HVE, la soit-disant « Haute Valeur Environnementale », un label justement inventé avec le soutien de l’industrie chimique pour justement tenter de jeter la confusion avec la bio alors même que ce label HVE n’offre en fait pratiquement aucune garantie aux consommateurs !

On voit que bien du chemin doit être encore réalisé pour garantir à nos enfants des produits totalement dépourvus de pesticides, d’engrais chimiques, d’OGM, de PFAS ou encore d’antibiotiques…

p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 115%; background: transparent }a:link { color: #000080; text-decoration: underline }

Point 35 Révision tarifaire du crématorium pour l’année 2026

Le crématorium de Cré, initialement prévu comme un service public par beaucoup des premiers promoteurs, dans les années 1990, a finalement donné lieu à une privatisation supplémentaire sous le mandat de M Mayet en 2004.

Nous souhaitons attirer votre attention sur les conséquences de cette décision municipale. A la lumière du livre-enquête « Les Charognards » de Brianne Huguerre-Cousin et Matthieu Slisse paru récemment, les auteurs y dressent d’une part, un constat implacable du système hyper-lucratif dont profitent essentiellement les deux leaders privés des pompes funèbres OGF (qui profite de la DSP de Châteauroux) et Funecap, et d’autre part ils soulignent la méconnaissance, voire le désintérêt, de nombreux élus locaux pour les questions funéraires, notamment le fonctionnement des crématoriums.

Selon les deux auteurs, le retrait des collectivités de la gestion de ces équipements laisse le champ libre aux groupes privés. Ainsi, même si la société délégataire OGF annonce une diminution des tarifs de 1,16 % pour l’année 2026, cela ne remettra pas en cause ses profits importants réalisé dans ce business de la mort. Nous avions déjà montré au dernier Conseil Municipal comment les modifications introduites dans le nouveau contrat de délégation depuis le 1° septembre 2024 ont grassement profité à OGF. 5

Selon les auteurs des « charognards », les crématoriums gérés en délégations de service public par OGF et Funecap dépassent parfois les 30% de marge. Pour rappel, il s’agit d’un marché de plus de 3 milliards d’euros par an au niveau national.

Les auteurs pointent ainsi du doigt les dérives de ce qu’ils nomment une « industrie du chagrin ». Nous n’en retiendrons ici qu’un exemple ; le livre présente notamment les techniques commerciales de ce secteur à nul autre pareil, où le client apparaît plus fragile et pense de façon moins rationnelle. Certaines relèvent de stratégies classiques : pour attirer la clientèle, OGF et Funecap installent logiquement leurs agences aux abords des hôpitaux. À Châteauroux, la société OGF se situe au 191 avenue de Verdun, à proximité du centre hospitalier. Sachant qu’environ un Français sur deux meurt dans un établissement médical. Ces agences peuvent aussi se situer au sein même des maisons funéraires qui accueillent les dépouilles avant les obsèques.

p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 115%; background: transparent }a:link { color: #000080; text-decoration: underline }